Karolien Verbeeck fait souffler un vent de féminité sur le secteur des transports

D'aussi loin qu'elle se souvienne, Karolien Verbeeck a toujours voulu conduire des camions. Aujourd'hui, cela fait dix-neuf ans qu'elle exerce le métier de ses rêves avec passion. Même si combiner travail et vie de famille avec deux jeunes enfants n'est pas toujours simple. « Le secteur des transports a besoin d'un vent de féminité. » 

Rêve d’enfant 

Karolien a toujours aimé les camions. Elle avait quatre ans quand elle a dit à ses parents qu'elle voulait conduire des camions comme son papa. « Et je n'ai jamais changé d'avis. J'ai toujours tout fait pour « devenir chauffeur ». À 16 ans, j'ai commencé une formation de chauffeur poids lourd à Genk. À 18 ans, j'ai obtenu mon permis CE et j'ai directement commencé à conduire. » 

Avec le walking floor en France 

« Je me rends essentiellement dans des entreprises agricoles en France et dans le Benelux avec une remorque walking floor (plancher hydraulique). Le contact avec les gens, le casse-tête pour accéder aux fermes avec le camion, les petites routes de campagne, le déchargement dans la cour des fermes, ... C'est ce que j'aime le plus dans mon travail. La France est et reste aussi un beau pays qui me surprend à chaque fois. Voir le soleil se lever ou se coucher, admirer des paysages uniques, visiter de beaux endroits, ... rien ne peut égaler cela. » 

« Tout se résumait à devenir chauffeur. » 

Chaise musicale 

« Trouver des emplacements sûrs pour stationner le camion est un gros problème. C'est un peu la chaise musicale. Parfois, la musique s'arrête et vous n'avez pas de place. Il faut alors faire preuve de créativité pour quand même pouvoir stationner quelque part. Mais c'est loin d'être toujours sûr. Ce n'est pas non plus top pour l'hygiène personnelle puisque vous n'avez pas d'eau courante, pas de toilettes, pas de douche, ... Mais je remarque que l'on recherche des solutions, même si ça demande du temps. » 

Lady Trucker 

Il y a quatre ans, Karolien a participé à la première saison de l'émission Lady Truckers sur VTM. « On ne savait pas très bien à quoi s'attendre, mais avec le recul, c'était une chouette expérience. J'ai ainsi pu montrer d'une belle manière qu'on peut parfaitement continuer à allaiter quand on rentre du travail, même avec un job comme le mien. Je voulais vraiment inspirer les jeunes mamans, dans le secteur du transport ou non, et leur montrer qu'il était possible de tirer son lait tout en étant au travail.  

Je voulais aussi montrer que le secteur pouvait accueillir plus de femmes et l'émission y a grandement contribué, même si tout n'est clairement pas tout rose dans la profession. Je suis souvent absente de la maison et les journées sont longues. C'est vraiment une vocation et une passion. Sans ça, c'est difficile de tenir. » 

 

Vent de féminité 

Le secteur des transports a besoin d'un vent de féminité. « Nous avons besoin de chauffeurs supplémentaires et il est important d'examiner les moyens de rendre le travail plus flexible et donc plus attrayant, en particulier pour les femmes. En trois ans, le secteur des transports a accueilli deux fois plus de femmes, mais beaucoup ont très vite renoncé. L'équilibre entre travail et vie privée est très difficile, surtout quand on a une famille. 

On tient compte des temps de conduite et de repos, des heures d'ouverture des clients, des files, ... mais très peu des jeunes parents qui veulent retrouver leurs enfants le plus vite possible le vendredi soir. Chaque employeur devrait prévoir des entretiens d'évaluation réguliers pour voir si chaque chauffeur est encore à la bonne place. Vos priorités peuvent changer au fil de votre carrière et c'est bien d'avoir une oreille attentive dans ces cas-là. Le plus important pour l'un sera l'argent qui tombe en fin de mois sur son compte. Pour un autre, le plus important sera l'équilibre travail-vie privée. Avoir ces entretiens peut vraiment en valoir la peine. » 

« Le secteur des transports a besoin de plus de femmes. » 

Moins de préjugés 

« Je remarque toutefois qu'il y a de moins en moins de préjugés sur les femmes au volant de poids lourds. De grandes étapes ont été franchies dans ce domaine ces dernières années. Il y a bien sûr toujours des hommes pour qui les femmes n'ont pas leur place au volant d'un camion, mais il y a heureusement beaucoup moins de machos qu'avant (rires). Plus on vieillit, plus on fait aussi abstraction de ces critiques. » 

 

Oser rester soi-même et dialoguer 

« Les deux plus grands conseils que je donnerais aux femmes qui veulent travailler dans le secteur des transports sont les suivants : restez vous-même et osez dialoguer. Comment transformer votre travail en quelque chose que vous aimerez faire à long terme ? Parlez avec votre patron et cherchez des solutions ensemble. 

Ne vous laissez surtout pas freiner. Poursuivez vos rêves et osez. C'est la seule façon de savoir si ce métier est fait pour vous. » 

Nouveau défi 

« C'est un conseil que je suis moi-même. Après dix-neuf ans derrière le volant, j'ai décidé de passer de l'autre côté des transports en tant que planificatrice. Un nouveau défi tentant mais aussi stressant ! »