L'industrie est vitale
Temps de lecture 10 minutesLa société Alders Transport & Logistics a été fondée dans les années 30 par Henrik Alders dont le fils, Albert, a repris le flambeau en 1964. Quand le consultant Roel Smets a repris l'entreprise familiale en 2008, la société possédait alors 90 véhicules. Depuis, la société de transport a vu sa taille multipliée par trois grâce, notamment, à une nouvelle implantation en Hongrie et à diverses acquisitions en Belgique et à l'étranger. Les activités ont été élargies et comprennent aujourd'hui les transports ADR ainsi que les transports bâchés, en vrac et en citernes de matières premières et de produits (semi-)finis. Alders a encore repris dernièrement son concurrent Vandenbroeck NV d'Herent, spécialisé dans le transport de marchandises ADR.
Le transporteur de Pelt a grandi au rythme de l'industrie, explique Kristof Smets, Group Operations Manager. Tout a commencé avec le transport de matières premières pour Union Minière, toujours cliente aujourd'hui sous les noms Umicore, Nyrstar et Aurubis. ArcelorMittal et Sibelco font également partie du portefeuille de clients. « Le transport de produits industriels est un marché très concurrentiel », explique Kristof Smets. « Mais en matière de transport de matières premières, les usines préfèrent jouer la sécurité avec des sociétés de transport qu'elles connaissent bien et sont plutôt loyales. Elles ne peuvent en effet pas se permettre le moindre retard ou raté pour leur processus de production en full continu et doivent donc pouvoir compter sur un transporteur avec suffisamment de capacité, d'expertise et de flexibilité. Nous sommes donc en stand-by 24h/24, 7j/7 et très attentifs à la qualité de nos services. »
Le service, chez Alders, passe aussi notamment par une grande attention pour la sécurité et la prévention. Rik Kuipers, Mobility Manager : « Il vaut mieux savoir ce que vous faites quand vous chargez des bobines d'acier. Nos chauffeurs savent donc non seulement comment conduire leur camion de manière sûre sur la route, mais aussi comment répartir et sécuriser le chargement. Nos clients nous considèrent donc comme un partenaire en prévention très précieux. Et cette attention et cette expertise partagées représentent la première garantie de sécurité sur les lieux de chargement et déchargement. »
« Les chauffeurs qui ont une fréquence et/ou des coûts de sinistres élevés sont immédiatement rappelés à l'ordre dès le deuxième accident sur la même année, même s'il s'agit d'un rétroviseur arraché. Le soutien de TVM Belgium est du reste très important dans ce cas. Nous avons un accord qui nous oblige tous à utiliser notre expertise pour atteindre nos objectifs de sécurité. »
Alders Academy
Les nouveaux chauffeurs sont encadrés par un « chauffeur parrain » : des collaborateurs expérimentés qui expliquent où il faut se présenter chez les clients et comment charger et sécuriser le chargement. Alders a ainsi six à sept parrains par site. L'Alders Academy concentre également la formation des chauffeurs sur ses propres besoins. « La formation Code 95, par exemple, se concentre plus particulièrement sur le chargement de bobines d'acier que sur le chargement de palettes. Nous expliquons le principe de la pression sur les essieux à l'aide de modèles à l'échelle et sortons de temps en temps de la salle de cours pour illustrer la théorie en pratique. »
L'Alders Academy n'a pas été créée, selon Kristof Smets, pour réaliser des bénéfices, mais bien pour former les chauffeurs plus spécifiquement, et donc mieux, aux missions qu'ils exécutent chez Alders. « L'Academy nous permet aussi de réagir plus rapidement lorsque nos analyses des risques mettent certains points sensibles en lumière. Les chauffeurs qui ont une fréquence et/ou des coûts de sinistres élevés sont immédiatement rappelés à l'ordre dès le deuxième accident sur la même année, même s'il s'agit d'un rétroviseur arraché. Le soutien de TVM Belgium est du reste très important dans ce cas. Nous avons un accord qui nous oblige tous à utiliser notre expertise pour atteindre nos objectifs de sécurité. »
Les analyses de risques montrent parfois des choses surprenantes qui ne correspondent pas à ce que nous pourrions penser. « Ce ne sont ainsi pas nos chauffeurs les plus jeunes qui provoquent le plus souvent des accidents, mais plutôt nos chauffeurs expérimentés. Nous pensons que cela peut être dû d'une part à la diminution de l'attention en raison de la routine qui s'installe, et d'autre part au fait que le travail est physiquement et mentalement plus lourd avec l'âge. Car il ne s'agit pas uniquement de charger et décharger. Il y a aussi un rythme de travail élevé et une circulation qui devient de plus en plus difficile. » Convaincre des chauffeurs expérimentés de changer n'est pas simple, reconnaît Rik Kuipers. « Ils ont tendance à se considérer comme les meilleurs de la classe. Mais si les chiffres de l'assuré comme des dommages propres montrent autre chose, ils sont alors ouverts à un suivi à travers des entretiens et une formation spécifique. »
Après avoir longuement cherché, Alders Transport a aussi depuis peu un chauffeur mentor, une personne avec une grande expérience, mais aussi certaines capacités pédagogiques, capable de bien s'entendre avec les chauffeurs et de traiter les données du terrain. « Sa tâche consiste à interpréter les données, à anticiper les évolutions et à prévenir les grands et petits incidents. Avec les chauffeurs et les chauffeurs parrains, notre boucle de prévention est bouclée. »
« Ce ne sont ainsi pas nos chauffeurs les plus jeunes qui provoquent le plus souvent des accidents, mais plutôt nos chauffeurs expérimentés. »
Chauffeur, un métier, une foule de possibilités.
La sécurité et la prévention commencent dès la sélection des chauffeurs : on engage les chauffeurs qui conduisent le mieux. Kristof Smets et Rik Kuipers sont aussi de cet avis, mais les choses ne sont pas si simples dans la pratique. « Pour avoir de bons chauffeurs, vous devez aussi les former. Alders est pour cela impliquée dans deux trajets de formation, le trajet Fast Track CE et le Transportpool limbourgeois. Il s'agit souvent d'un long et lent processus, sans garantie de succès », explique Kristof Smets. Engager des chauffeurs représente donc un vrai défi pour Alders. Kristof Smets voit toutefois une lueur d'espoir : « Le métier de chauffeur offre tellement de possibilités qu'il peut attirer de très nombreux profils différents. Le transport d'acier est lourd en raison du chargement et déchargement, alors que le transport en citerne demande surtout beaucoup de patience pour attendre son tour. Avec une benne, le chargement est chargé en dix minutes et déchargé en vingt. Les chauffeurs de bennes parcourent donc surtout des kilomètres. Vous avez des chauffeurs de nuit ou qui font les postes, et d'autres qui préfèrent uniquement rouler en journée. Vous avez des transports régionaux et internationaux, etc. Tous ces points sont bien sûr repris très clairement dans nos offres d'emploi et le secteur devrait aussi attirer davantage l'attention sur la diversité de la profession ! »
Outre la nécessité de trouver les bonnes personnes, la sécurité représente un autre défi permanent pour le secteur des transports selon Kristof Smets. « Le trafic est en effet de plus en plus intense. Je ne peux donc que regretter que l'Europe ait renoncé à imposer de nouveaux systèmes d'aide à la conduite sur les poids lourds. Le système de freinage d'urgence et l'assistance au maintien de trajectoire ont démontré toute leur utilité et il existe encore bien d'autres systèmes. Mais ils sont chers et tant que rien ne sera obligatoire au niveau européen, leur utilisation restera donc limitée. »
Cette interview est un article de la dernière édition de notre magazine TVM Actuel. Mordu pour en savoir plus ?